Rapport de la société civile sur l’utilisation et la mise en
œuvre des directives sur le droit à la alimentation
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Le suivi qu’effectue le CSA de l’utilisation et de l’application des Directives sur le droit à l’alimentation intervient à un moment important. La protection, promotion et concrétisation des droits humains – y compris le droit à l’alimentation – se trouvent aujourd’hui à un stade crucial. Les espaces consacrés aux droits humains sont menacés par la montée des gouvernements autoritaires, des forces xénophobes et nationalistes, et par la tendance au déclin du pouvoir de l’élaboration de politiques par le secteur public, au bénéfice d’entités et d’intérêts privés. Le CSA, lui aussi, se heurte à une résistance vis-à-vis du mandat qu’il détient en matière de droits humains. Les références au droit à l’alimentation et aux droits humains dans le contexte des travaux normatifs du CSA sont constamment remises en question par certains États. Les règles et pratiques du CSA, qui sont à la base de sa légitimité car elles privilégient les voix des personnes les plus affectées par les politiques débattues, sont menacées d’érosion.
La préoccupation déclarée concernant l’efficacité et la maîtrise des coûts risque de dépolitiser les travaux du Comité et d’affaiblir son impact. Exacerbant les luttes politiques, pour la première fois en une décennie, le nombre de personnes souffrant d’insécurité alimentaire est passé de 784 millions en 2015 à un niveau alarmant de 821 millions en 2016. Les rapports traditionnels mettent en avant l’augmentation du nombre de conflits et de chocs climatiques, ainsi que la hausse des taux de chômage et la détérioration des filets de protection sociale, comme principaux facteurs expliquant les niveaux croissants de faim et de malnutrition. Cependant, une telle analyse ne tient pas dûment compte des causes profondes de la faim et de la malnutrition liées au genre, à la race, à la classe et à l’accès aux ressources, ni de l’influence toujours plus grande des entreprises à tous les niveaux, y compris dans la production d’aliments et les habitudes de consommation, la fixation des prix et le marketing. Il n’a jamais été aussi important de mener une réflexion sur l’espace des droits humains et sur l’importance de ces derniers et du droit à l’alimentation. Le suivi réalisé dans le contexte du CSA offre l’occasion de se pencher sur la manière selon laquelle la conception normative du droit à l’alimentation a progressé depuis l’adoption des Directives sur le droit à l’alimentation, d’enregistrer les succès en matière de mise en oeuvre du droit à l’alimentation et d’évaluer de manière critique où (et quand) les violations du droit à l’alimentation persistent. Il permet également d’établir des espaces de reddition de comptes, de relayer les aspirations des personnes les plus affectées par les violations du droit à l’alimentation et à la nutrition et de planifier l’avenir.