Messages préliminaires du MSC à présenter

lors de la réunion extraordinaire du Bureau et du Groupe consultatif du CSA  

(31 mars 2020)

  « Nous ne reviendrons pas à la normale parce que la normalité était précisément le problème »

Résister à la crise

Le CSA a été réformé en 2009 afin de renforcer la capacité de réponse politique coordonnée au niveau mondial en matière de sécurité alimentaire et de nutrition, une réponse qui s’était à l’époque révélée insuffisante lors de la crise des prix alimentaires de 2007/2008. Cette instance est née d’un engagement collectif et de haut niveau des États membres et des acteurs qui assistent aujourd’hui à cette réunion virtuelle.

Aujourd’hui, près de 11 ans plus tard, nous sommes au coeur de l’une des crises mondiales les plus dramatiques de notre époque. Cette crise bouleverse nos moyens de subsistance et nos perspectives, nous incitant à faire de ce moment un tournant pour que, désormais, personne ne soit laissé pour compte.

Tous les rapports et analyses initiaux des communautés, des pays, des centres de recherche et des Nations unies, y compris ceux du Groupe d’experts de haut niveau, indiquent que la crise sanitaire mondiale actuelle engendre ou exacerbe des situations critiques dans les systèmes alimentaires aux niveaux local, national et mondial.

Cette situation risque d’entraîner une nouvelle crise alimentaire mondiale sans précédent qui exigera une réponse mondiale coordonnée et efficace, au même titre que la crise sanitaire mondiale qui aurait désespérément besoin d’un telle réponse.

Le MSC félicite la Présidence du CSA d’avoir pris des mesures immédiates et décisives pour sensibiliser la collzctivité aux impacts du Covid-19 sur la sécurité alimentaire et la nutrition, à travers de la convocation de cette réunion virtuelle du Bureau et du Groupe consultatif du CSA ainsi qu’en demandant au Groupe d’experts de haut niveau la rédaction d’une Note d’information et d’avoir publié cette Note.

Le rôle du CSA

Suite à ces premières réactions, il est maintenant temps pour le CSA de se focaliser sur les besoins les plus urgents et sur ce qui est au cœur de son mandat depuis sa réforme : promouvoir la coordination, la convergence et la cohérence des politiques en réponse aux énormes défis posés par cette nouvelle crise alimentaire mondiale qui affecte directement le droit à une alimentation adéquate de millions de personnes à travers le monde.

Il n’existe aucune autre plateforme intergouvernementale et internationale aussi inclusive dans le monde qui puisse se charger de cette tâche. Au cours des dix dernières années, le CSA a produit des orientations politiques substantielles sur de nombreux aspects de la sécurité alimentaire et de la nutrition, directives approuvées par consensus par les États membres après consultation de tous les autres acteurs concernés. Le moment est venu de les mettre à profit en tant que réponses efficaces pour prévenir, ou du moins atténuer et limiter, les terribles effets de la crise alimentaire à venir sur les personnes à risque ainsi que vis-à-vis la recrudescence de la faim et de la malnutrition dans le monde.

A situation extraordinaire, riposte extraordinaire!

Le CSA ne peut continuer à fonctionner comme si de rien n’était. Le Comité doit réorienter ses priorités vers ce qui est nécessaire et urgent aujourd’hui. La priorité devrait désormais être d’intensifier la réponse multilatérale à la crise tout en réduisant la cadence sur les processus de négociation politique initialement prévus pour les prochains mois.

En ce sens, le CSA doit immédiatement revoir ses procédures et son calendrier pour 2020/21 et mettre en place le processus intergouvernemental urgent qui est nécessaire pour relever efficacement le défi qui se présente à nous tous. Le temps est un facteur essentiel.

Si quelqu’un croit encore qu’il suffit de remplacer les négociations face à face du CSA prévues pour mai et juillet par des réunions virtuelles et procéder comme si de rien n’était, nous devons être très clairs : nos organisations membres, nos communautés, nos groupes d’intérêt ainsi que, à notre avis, les États membres et les agences des Nations unies, vont se focaliser au cours des prochains mois sur la réponse à la crise sanitaire mondiale et aux crises alimentaire, financière et économique mondiales qui y sont liées.

Notre temps et nos ressources, en tant que membres et participants du CSA, doivent être consacrés à l’élaboration d’une réponse politique globale à la nouvelle crise alimentaire. Cette réponse politique mondiale coordonnée doit encore être finalisée et approuvée soit lors de la prochaine session plénière de la CSA 47, soit lors d’une session plénière extraordinaire du CSA. Nous suggérons que la prochaine réunion du Bureau-Groupe consultatif du CSA, le 17 avril, examine le processus et les grandes lignes de cette réponse politique mondiale. Les membres et les participants du CSA sont déjà engagés dans le suivi, l’évaluation et l’analyse des derniers développements, facteurs et expressions de la crise alimentaire et doivent être encouragés à intensifier leurs efforts et à partager les résultats. La Plénière 2020 du CSA qui se tiendra soit en octobre 2020, soit en tant que plénière extraordinaire plus tard dans l’année, doit adopter, comme point principal de l’ordre du jour, la réponse politique globale à formuler et ce en présence de la plus haute représentation gouvernementale des États membres. Nous n’avons pas de temps à perdre.

Face à la crise, le Sommet de l’ONU sur les Systèmes alimentaires passe nécessairement au second plan

Le MSC est conscient du fait que l’événement appelé « Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires » est une initiative prise de manière indépendante par le Secrétaire général des Nations unies avec pour but d’attirer l’attention des politiques sur l’impact critique que la transformation des systèmes alimentaires peut avoir sur les multiples dimensions du Programme de développement à l’horizon 2030 (Agenda 2030), y compris mais pas exclusivement sur les défis liés à la faim et à la malnutrition sous toutes ses formes. Il s’agit d’une initiative politique de valeur emblématique, mais sans implications normatives directes en termes de politiques, de programmes et d’institutions. Le rôle du CSA doit être cohérent par rapport à cette compréhension de l’événement.

Les efforts du SG visant à faire des systèmes alimentaires la pierre angulaire de la « Décennie d’action et de résultats pour le développement durable » sont certainement louables, bien que ses modalités soulèvent plusieurs préoccupations comme l’explique la lettre collective de 550 organisations de la société civile qui a été présenté au SG. Mais aujourd’hui et avant tout, le monde est confronté à une crise humaine d’une ampleur inégalée et aux conséquences terribles, qui une fois de plus fera peser le plus lourd de la charge sur les populations marginalisées et les plus vulnérables.

Les constatations issues de l’évolution de la crise révèlent les multiples défis générés par notre dépendance aux chaînes de valeur mondialisées et le rôle central des systèmes alimentaires locaux pour assurer la sécurité alimentaire et garantir une résilience durable face aux chocs extérieurs. Les systèmes alimentaires locaux reposent essentiellement sur l’action des petits et moyens producteurs de denrées alimentaires dans le monde entier, et principalement des producteurs à petite échelle dans les pays en développement. Cette constatation doit former la prémisse fondamentale et la perspective porteuse d’espoir qui devra guider le processus normatif chez les États membres des Nations unies dans l’établissement de stratégies claires, afin de parvenir à des systèmes alimentaires inclusifs, équitables et durables. À cette fin, le débat doit être fondé sur le cadre normatif des droits humains et sur les bases politiques jetées par les précédents sommets mondiaux de l’alimentation ainsi que par les orientations politiques approuvées par les gouvernements membres au sein de la FAO et du CSA. La nature inclusive et démocratique de son processus normatif est la principale raison pour laquelle ce débat doit avoir lieu au sein du CSA. Cela est désormais une priorité. Dans ce contexte, l’initiative du SG doit nécessairement passer au deuxième plan.

Quand le processus de préparation du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires pourra reprendre (s’il peut reprendre), il sera nécessaire que ce processus se fonde sur ces bases normatives susmentionnées. Les décisions politiques du CSA peuvent certainement contribuer à informer le Sommet et ses préparatifs. Mais il devra être clair que le Sommet devra refléter, partager et amplifier les décisions démocratiques prises par les États membres des Nations unies dans les institutions qui sont légitimement désignées pour prendre ce type de décision. Aucun résultat normatif, programme ou autre initiative ne devrait être généré dans un forum tel que le Sommet de l’ONU sur les Systèmes alimentaires. L’accent devra plutôt être mis sur les moyens à mettre en œuvre pour générer l’attention politique de haut niveau nécessaire afin que les décisions légitimement adoptées aboutissent sans attendre à des actions concrètes.

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