20 février 2023. Le Comité de Coordination du Mécanisme de la Société Civile et des Peuples Autochtones pour les relations avec le Comité de la Sécurité Alimentaire Mondiale des Nations Unies (CSA) exprime son entière solidarité avec la population de Turquie et de Syrie touchée par le récent tremblement de terre dévastateur. Nous adressons nos sincères condoléances aux familles des victimes, nous souhaitons un prompt rétablissement aux blessé.e.s et nous saluons tou.te.s les travailleurs et travailleuses humanitaires qui sont sur le terrain dans les zones touchées, depuis les tout premiers instants et depuis plusieurs jours maintenant, à la fois en Syrie et en Turquie, apportant une aide d’urgence vitale.

Alors que le CSA débat de ses futures priorités, il est essentiel de se souvenir des engagements pris en 2015 avec le Cadre d’action pour la sécurité alimentaire et la nutrition lors des crises prolongées. En particulier, le thème des conflits et de la fragilité des systèmes alimentaires a été reconnu par le Groupe d’experts de haut niveau sur la sécurité alimentaire et la nutrition (HLPE-FSN) dans sa note sur les Questions cruciales, émergentes et durables pour la sécurité alimentaire et la nutrition, publiée en 2022.

A ce jour, le 16 février, en Turquie et en Syrie, plus de 41. 000 personnes ont perdu la vie, des dizaines de milliers de personnes ont été grièvement blessées tandis que des millions de personnes sont déplacées de force ou voient leur moyen de subsistance affecté. Tous ces chiffres sont encore susceptibles d’augmenter étant donné que les opérations de recherche et de sauvetage sont toujours en cours.

Nous demandons instamment aux membres du CSA de prendre les mesures nécessaires pour que les droits soient garantis dans les zones touchées par la catastrophe naturelle, en particulier le droit à une alimentation adéquate, le droit à l’assistance et à la protection sociale, ou encore le droit à la santé des individus et des communautés, tout en accordant une attention particulière aux besoins des enfants et des femmes.

Comme il est également recommandé dans le Cadre d’action CSA-CDA, il est important de garantir l’acheminement et l’accès sans entrave de l’aide humanitaire à la population. L’aide doit pouvoir parvenir aux deux pays tout en établissant des canaux de communication avec les acteurs concernés sur le terrain afin de pouvoir adapter l’aide aux mesures d’urgence les plus nécessaires et vitales pour les personnes impactées, sans aucune discrimination. Il s’agit notamment de leur fournir des aliments, des médicaments, des équipements médicaux, du carburant et des matériaux de construction, ainsi que des moyens financiers librement disponibles pour soutenir cette assistance.

En outre, le HLPE note que la paix est une condition préalable à la réalisation de l’objectif de la faim zéro, car les conflits perturbent les six dimensions de la sécurité alimentaire, entraînant une faim et une malnutrition graves, en particulier pour les personnes déjà vulnérables telles que les petit.e.s exploitant.e.s agricoles, les éleveurs et éleveuses, les femmes, les enfants, les peuples autochtones, les sans-terre, les communautés victimes de discrimination par la caste et les minorités raciales ou ethniques. En outre, il souligne la nécessité d’une approche holistique à long terme pour résoudre les problèmes structurels de l’insécurité alimentaire, tels que les chocs politiques et économiques, l’épuisement des ressources naturelles et l’exclusion socio-économique causée par les conflits.

Toutefois, les efforts déployés pour faire face aux conséquences de la catastrophe naturelle ont été entravés par les sanctions imposées à l’acheminement de l’aide en Syrie et autres restrictions. Cela a entraîné une augmentation des pertes en vies humaines qui auraient pu être évitées si l’aide avait pu atteindre immédiatement les zones touchées.

Le 10 février 2023, dix experts des Nations unies, dont Alena Douhan, la rapporteuse spéciale des Nations unies sur les mesures coercitives unilatérales, ont déclaré que: « Même pendant les catastrophes naturelles, lorsque des centaines de milliers de vies sont en jeu, il est très préoccupant que les acteurs humanitaires soient confrontés à des difficultés persistantes en raison des sanctions. […] Nous demandons la levée de toutes les restrictions économiques et financières causées par les sanctions unilatérales contre la Syrie, en cette période de chagrin et de souffrance humaine. »

Le HLPE recommande également de mettre en œuvre des systèmes de protection sociale pour prendre soin des pauvres et des personnes vulnérables, et de mettre en place des systèmes alimentaires fonctionnels dans les situations post-conflit. Le groupe souligne également l’impact significatif des restrictions à l’exportation et des sanctions économiques sur les pays et régions importateurs nets de denrées alimentaires qui sont déjà en situation d’insécurité alimentaire.

Parmi les questions qui devraient être abordées dans les travaux futurs, le HLPE suggère d’examiner les conséquences des sanctions économiques sur les droits humains, la sécurité alimentaire et la nutrition dans les sociétés en conflit et post-conflit, ainsi que les principaux défis de l’action humanitaire pour garantir l’accès à la nourriture des populations vulnérables dans les situations de conflit, y compris la relation entre le conflit et d’autres crises multiples telles que le changement climatique et la pandémie.

Nous appelons les membres du CSA à accroître leurs efforts pour respecter et mettre en œuvre le Cadre d’action pour la sécurité alimentaire et la nutrition lors des crises prolongées, qui recommande de s’abstenir de prendre des mesures unilatérales non conformes au droit international, y compris à la Charte des Nations unies, et qui mettent en danger la sécurité alimentaire et la nutrition, comme indiqué dans la Déclaration de Rome de 1996 sur la sécurité alimentaire mondiale. Et de ne pas utiliser l’alimentation comme instrument de pression politique ou économique.

La nourriture ne doit pas être utilisée comme une arme ni comme une forme de punition collective. L’alimentation est un droit humain et en tant que tel, il ne devrait être refusé à aucun être humain.

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