Table des matières

Du 10 au 13 octobre, la 50e session plénière du CSA s’est tenue en personne au siège de la FAO à Rome, et virtuellement. Une importante délégation du MSCPA représentant des groupes d’intérêt divers et variés, notamment les petit.e.s exploitant.e.s agricoles, les éleveurs, les pêcheurs, les peuples autochtones, les travailleurs et travailleuses de l’agriculture et de l’alimentation, les sans-terre, les femmes, les jeunes, les consommateurs, les personnes souffrant d’insécurité alimentaire en milieu urbain et les ONG, de toutes les régions du monde, ont participé à la session afin d’exiger des politiques transformatrices pour lutter contre la crise alimentaire actuelle. Le 10 octobre, la session plénière a débuté par le segment ministériel intitulé “Coordonner les réponses politiques à la crise alimentaire mondiale – L’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde 2022.” Au nom du MSCPA, André Luzzi de HIC International, le groupe de travail sur la gouvernance alimentaire mondiale et le Comité de coordination du MSCPA a présenté les points forts du rapport mondial Voix des communautés 2 : des solutions transformatrices pour répondre aux crises alimentaires systémiques mondiales.

Point II de l’ordre du jour : Segment ministériel : Coordonner les réponses politiques à la crise alimentaire mondiale – L’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde 2022

Déclaration d’André Luzzi (International Habitat Coalition) |
Groupe de travail sur la gouvernance alimentaire mondiale du MSCPA
Grâce aux consultations populaires du MSCPA, nous avons réuni des agences des Nations unies, des universitaires, le groupe d’experts HLPE, des gouvernements et nos mandants qui ont tou.te.s des solutions et souhaitent coordonner les stratégies. Mais où est le CSA ? Nous demandons instamment au CSA d'agir maintenant.
André Luzzi
HIC International
Les intervenant.e.s précédent.e.s ont souligné que nous sommes confronté.e.s à une crise profonde et permanente de la faim, du climat et des inégalités. Si nous n’agissons pas, ce ne sera pas la dernière. Agir signifie s’attaquer à cette crise de manière globale et systémique pour la surmonter de manière adéquate et à long terme. Pour répondre à ce besoin, le MSCPA a mené à terme une série de consultations populaires. Il y a quelques mois, nous avons recueilli 539 contributions de 72 pays, fournissant des preuves de l’impact de la crise alimentaire sur les personnes les plus touchées, et documentant les actions qu’elles ont entreprises pour y répondre, ainsi que leurs demandes concrètes. Le rapport consolidé “Voix des communautés 2 : des solutions transformatrices pour répondre aux crises alimentaires systémiques mondiales” fait le tour d’horizon par rapport à la forte augmentation des inégalités déjà bien ancrées dans toutes les régions avant la crise actuelle. Le rapport recueille des récits sur les suivants problèmes : Le chaos climatique, où les personnes les plus touchées sont celles qui contribuent le moins aux émissions de gaz à effet de serre. Des conflits, des guerres, des sanctions et des violences d’État qui persistent et s’étendent, alors que l’alimentation est utilisée comme une arme géopolitique. La participation des détenteurs et détentrices de droits aux processus démocratiques diminue et la défense des droits humains fait l’objet d’un mépris croissant. Les entreprises déclarent des bénéfices records, profitent des renflouements gouvernementaux, de la hausse des prix et de la spéculation, tandis que la FAO fait état d’une inflation record et que les gens meurent de faim. Nos résultats mettent clairement en évidence des problèmes structurels interconnectés qui renforcent et perpétuent la crise alimentaire, par exemple : L’augmentation de la dette qui laisse les pays sans la marge de manœuvre budgétaire et politique pour prendre des mesures cruciales. La dépendance croissante des pays à l’égard des importations qui les rend vulnérables aux fluctuations des prix mondiaux, aux déficits d’approvisionnement et qui mine les communautés qui dépendent de l’agriculture comme mode de vie. La négociation continue d’accords de “libre” échange et d’investissement sans tenir compte de leur impact sur le droit à l’alimentation et les autres droits humains. Chers délégué.e.s, nous avons besoin de mesures urgentes à court terme, mais elles ne doivent pas aggraver la crise à long terme. Se précipiter pour trouver de nouvelles sources d’engrais n’est pas compatible avec la demande de nombreux producteurs de notre consultation de mettre fin à l’engrenage chimique de la production à long terme. Au cours des trois dernières années, nous avons constaté que les petits producteurs qui utilisent des méthodes agroécologiques et des systèmes de connaissances indigènes continuent de nourrir leurs communautés. Les lacunes du soutien public ont été comblées par l’action solidaire et les innovations des communautés, des mouvements sociaux, des organisations à but non lucratif et des organisations populaires. Grâce aux consultations populaires organisées par le MSCPA au cours des trois dernières années, nous avons réuni des agences des Nations unies, des universitaires, le Groupe d’experts de haut niveau HLPE, des gouvernements et nos mandants, qui ont tous des solutions et souhaitent coordonner leurs stratégies. Mais où est passé le CSA ? Nous demandons instamment au CSA d’agir maintenant. Les espaces de réponse mondiaux existants ne sont pas équipés ou mandatés pour fournir une analyse et une coordination continue, structurelle et à long terme. Le Groupe de réponse à la crise mondiale (GCRG) sur l’alimentation, l’énergie et les finances, fournit une exposition importante au besoin urgent de s’attaquer à la crise alimentaire, mais il est de la responsabilité du CSA de lui fournir des réponses substantielles basées sur le rôle du CSA de coordination intergouvernementale et inter-agences. Nous avons besoin de toute urgence d’un débat démocratique ancré dans les approches des droits humains, qui permette aux pays et aux groupes les plus touchés de contribuer efficacement aux réponses. Nous ajoutons nos voix à celles de nombreuses délégations ici présentes qui ont également demandé, lors de précédentes plénières, que le CSA reprenne sa coordination des crises alimentaires mondiales depuis l’apparition de la pandémie en 2020, ce qu’il n’a malheureusement pas fait. Le CSA doit agir maintenant. Conformément aux preuves présentées dans notre rapport, et en accord avec l’objectif stratégique du CSA d’être une plateforme pour discuter de la sécurité alimentaire et de la situation nutritionnelle et coordonner l’action collective à tous les niveaux, nous proposons d’ajouter un paragraphe supplémentaire après l’actuel paragraphe i) dans l’encadré de décision, comme suit : Le CSA convient de tirer parti de son pouvoir rassembleur pour coordonner les efforts et lancer un processus, dirigé par un État membre et ouvert à tous les membres et participants intéressés, pour i) partager les impacts, les réponses et les stratégies visant à faire face aux crises alimentaires actuelles et à prévenir les crises alimentaires futures pendant cette période intersessions et ii) concevoir lors de la 51e plénière du CSA en 2023 un plan d’action pour fournir des orientations politiques continues et coordonnées au niveau mondial.
Déclaration de Thierry Kesteloot (OXFAM) | Groupe de travail sur la gouvernance alimentaire mondiale du MSCPA
Nous avons perdu beaucoup de temps à essayer de déterminer qui est responsable de la crise actuelle.  Mais nous n'avons pas eu le temps de discuter sur le fond de ce que nous pouvons faire et de la manière dont nous pouvons répondre à la crise.
Thierry Kesteloot
Oxfam
Nous sommes heureux d’expliquer pourquoi nous souhaitons un ajout dans le texte proposé. Nous avons perdu beaucoup de temps à essayer de déterminer qui est responsable de la crise actuelle. Mais nous n’avons pas eu le temps de discuter sur le fond de ce que nous pouvons faire et de la manière dont nous pouvons répondre à la crise. C’est une honte pour le CSA, et nous appelons tous les États membres, tou.te.s les délégué.e.s, à proposer une voie à suivre sur ce que le CSA peut faire d’ici la prochaine session. Lors du premier jour de la session, lundi, nous avons entendu qu’il y avait et qu’il y a un fort consensus sur la nécessité d’agir maintenant. Il y a un fort consensus sur le fait que le CSA est le lieu pour répondre à la nécessité d’une réponse coordonnée à la crise mondiale. Nous vous écoutons donc et essayons d’expliquer et d’adapter également la proposition que nous avons faite le premier jour. Sur l’absence de consensus au sein du Bureau. Le délégué de l’Argentine vient de dire “et alors?”, nous l’avons écouté. Mais en même temps, il est essentiel que la plénière puisse discuter et prendre des décisions. Le Bureau ne devrait pas essayer de s’approprier, si je peux utiliser ce terme de manière informelle, les décisions finales de la session. C’est à la plénière qu’il revient en dernier ressort de prendre cette décision. Et encore une fois, ce que nous voulons, c’est que la plénière prenne une décision pour la prochaine étape. Ce qui est maintenant sur l’écran est très, très faible. Nous participons aux réunions du Groupe consultatif et du Bureau, et nous savons qu’il n’y a pas de véritable discussion. Nous pouvons contribuer, mais nous ne savons pas ce que les États membres pensent. Ce n’est pas une façon d’avancer. Nous participons au Groupe de réponse à la crise mondiale, c’est aussi une façon d’informer que ce n’est pas un moyen de faire face à la crise des prix alimentaires. Et c’est ce qui se passe aujourd’hui, et ce sera encore le cas demain. Donc, dans ce contexte, ce que nous aimerions ajouter dans cette boîte de décision spécifique est un élément, une dimension supplémentaire. Il s’agit d’indiquer que nous lancerions un processus inclusif mené par les États membres pour proposer à la 51e plénière du CSA une approche visant à fournir des orientations politiques coordonnées au niveau mondial pour prévenir les crises futures. Et cela fait partie du mandat du CSA, ce qui était également une préoccupation soulevée au début. Et nous sommes très ouvert.e.s et flexibles sur la manière dont ce processus doit se dérouler. Nous ne demandons pas un processus négocié. Nous voulons activer cet objectif de plate-forme du CSA. Il ne s’agit pas d’un ensemble de recommandations sur la convergence des politiques, mais d’aborder la question de manière plus directe, et nous sommes également prêt.e.s à le faire pour la plénière 51 du CSA. Je vous remercie.

Point III de l’ordre du jour : Autonomisation des femmes et des filles et promotion de l’égalité des sexes. Mise à jour et discussion sur la préparation des directives volontaires du CSA.

Le 11 octobre, lors de la session du matin, la célébration de la Journée internationale de la femme rurale et la discussion sur les directives volontaires du CSA sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles dans le contexte de la sécurité alimentaire et de la nutrition ont eu lieu.
Déclaration de Migdalia “Tai Pelli” Pellicier, (Conseil international des traités indiens), Deirdre “Dee” Woods (Land Workers Alliance) | Groupe de travail Femmes et diversité de genre du MSCPA
Si nous ne changeons pas notre façon de faire, si nous n'écoutons pas ceux et celles qui sont vraiment au cœur de ce document, rien ne changera. Nous existons !
Tai Pelli et Dee Woods
Groupe de travail Femmes et diversité de genre
Estimé président, La déclaration que nous lisons est la synthèse d’une déclaration plus longue qui est publiée ce jour et qui, en quelques jours seulement, a déjà obtenu plus de 400 signatures d’organisations de la société civile et des peuples autochtones à travers le monde.

« Combien de temps vous faudra-t-il encore pour que nos voix atteignent vos cœurs ? »

Nous sommes un collectif de femmes et de personnes, composé de paysannes, de femmes autochtones, de personnes originaires de territoires sous domination coloniale, de pays déchirés par la guerre, de personnes vivant sous occupation, de personnes non binaires, de pêcheurs, de personnes tributaires des forêts, de personnes sans terre, de pasteurs, de travailleurs agricoles et dans l’industrie alimentaire, de consommateurs, de personnes handicapées et de femmes urbaines précaires en situation d’insécurité alimentaire. Nous sommes des personnes originaires des coins les plus reculés des pays du Sud Global de la planète. Nous existons dans toute notre diversité, y compris celles des personnes qui sont historiquement soumises à la discrimination en raison de leur orientation sexuelle et/ou de leur identité de genre, de leur race, de leur caste, de leur ethnicité et d’autres caractéristiques et identités qui sont affectées par des formes multiples et croisées de discrimination et de violence. “Une seule femme peut subir tant de formes différentes d’oppression ; c’est la réalité de millions de personnes.”  Toutes les formes d’invisibilisation, de discrimination et d’injustice nous empêchent de réaliser notre droit à une alimentation et une nutrition adéquates – notre droit à l’alimentation – un droit indivisible et étroitement lié aux autres droits humains. Au cours de l’élaboration des Directives volontaires, nous avons mis en évidence les multiples formes de violence et de discrimination et la manière dont elles font honteusement partie de notre vie quotidienne. Nous avons démontré comment elles s’entrecroisent avec d’autres formes d’oppression. Notre accès aux ressources naturelles, à la production et l’accès à la nourriture dans la dignité sont impitoyablement bloqués ! Le CSA a reconnu la nécessité de parvenir à l’égalité des droits entre les genres et à la pleine réalisation des droits des femmes. En tant que principale plateforme internationale et intergouvernementale inclusive, le CSA doit tenir son engagement de se pencher sur la discrimination fondée sur le genre étant donné qu’il représente un problème pressant et urgent qui empêche plus de la moitié de la population mondiale de réaliser son droit à l’alimentation. Nous sommes toutes et tous des actrices et des acteurs majeurs de la production alimentaire locale ainsi que des parties prenantes actives de l’alimentation et de la nutrition à travers le monde. Nous assistons à une régression et une érosion dramatiques, inhumaines et inquiétantes des droits des femmes. Il est crucial que nous produisions des Directives efficaces et fondées sur des données probantes. Cette régression et cette érosion confirment que le patriarcat est toujours fermement ancré dans nos sociétés, d’où notre appel véhément à la nécessité de réaliser un document qui soit pionnier en ce qui concerne l’égalité des droits entre les genres dans le contexte de la sécurité alimentaire et de la nutrition. Initialement, les voix des personnes les plus touchées devaient être entendues en priorité. Cela aurait pu déboucher sur un document solide qui aurait reconnu les réalités socio-économiques auxquelles sont confrontées les femmes et les personnes non hétéronormatives. Or, au cours du dernier cycle de négociations, de nombreuses questions clés qui avaient émergé tout au long du processus ont été supprimées du texte sans aucune argumentation fondée sur des preuves. Nous sommes convaincues qu’un véritable engagement en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes ne consiste pas à éviter les positions controversées et divergentes, mais plutôt à engager une discussion sur les questions en jeu et à examiner les données probantes disponibles. Le CSA doit les comprendre et les traiter dans leur intégralité. Il est impératif que le MSCPA poursuive le processus de convergence des politiques. Nous ne pouvons accepter que les questions cruciales et alarmantes que nous avons présentées soient rendues invisibles, car cela permet à la discrimination et aux violations de se poursuivre sans relâche. Si le processus de convergence repose sur le principe de « s’en tenir au langage convenu », alors le statu quo patriarcal ne sera jamais remis en question et encore moins renversé. Des agents de l’ONU, des rapporteurs spéciaux, des experts indépendants, des groupes de travail de l’ONU, des universitaires, des organisations spécialisées de la société civile et des peuples autochtones, entre autres, peuvent présenter des témoignages et des données probantes afin d’alimenter les débats successifs entre les membres et les participants du CSA. En outre, nous sommes fermement convaincues que le CSA doit organiser des sessions pour clarifier ce que le CSA entend par « langage convenu par les Nations unies », y compris les références aux paysan.ne.s et à la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP) mais aussi le mandat du CSA et son rôle vis-à-vis du « langage convenu par les Nations unies », et la manière dont ce langage doit être inclus dans les négociations politiques du CSA. Des discussions bien informées sur ces domaines thématiques profiteront plus largement au processus de convergence des politiques autour des questions de « Égalité des droits entre les genres et Autonomisation des femmes et des jeunes filles » du CSA, ainsi qu’aux prochains chantiers du CSA. Nous sommes convaincues que ces réunions peuvent favoriser la discussion, proposer des orientations sur les domaines thématiques identifiés à ce jour et aider à trouver une voie à suivre basée sur un consensus significatif qui permettra la véritable réalisation du « Droit à l’alimentation », y compris la nutrition pour toutes les personnes que nous représentons. « Si nous ne changeons pas notre façon de faire, si nous n’écoutons pas celles et ceux qui sont vraiment au cœur du document, si nous ne pouvons pas aller de l’avant, alors il n’y aura aucun moyen de changer les choses » #We Exist / #Nous Existons !!!!
Déclaration de María Isabel Carrillo Soc (La Via Campesina) (prévue mais pas réalisée en plénière) | Groupe de travail du MSCPA Femmes et diversité de genre
Sans reconnaissance mutuelle, il n'y a pas d'avenir. Nous sommes votre lien avec la réalité de la vie. Nous sommes la possibilité tangible du changement systémique dont nous avons besoin de toute urgence.
María Isabel Carrillo Soc
La Via Campesina
« MA VOIX NE SERAIT AGRESSIVE SI ELLE N’ETAIT PAS ELLE -MÊME AGRESSEE » Hier, nous avons entendu de nombreuses interventions parlant des multiples crises au niveau mondial qui ont un impact sans précédent sur le droit à l’alimentation et la sécurité alimentaire de millions de personnes. Pour chaque niveau de complexité supplémentaire introduit par ces crises entrelacées, il existe de multiples niveaux d’oppression, de discrimination et de violence, tant visibles qu’invisibles. Le droit à une alimentation adéquate relève de la responsabilité et fonde la vision politique de cette commission. Aujourd’hui, nous voulons souligner avec force que la réalisation de ce droit n’est pas possible sans la pleine réalisation, la pleine reconnaissance et la pleine protection des droits des femmes. Le 15 octobre, « Journée internationale de la femme rurale », est bien plus qu’un jour du calendrier international, bien plus qu’un récit plein de belles paroles et d’intentions creuses. Elle représente la sueur, la vie, la solidarité, la résistance, la lutte et l’engagement. Elle est une justification constante de notre processus d’autodétermination. Elle représente une résistance de tous les instants contre toutes les formes de violence et d’oppression qui nous dépossèdent : de nos mots, de nos terres, de nos semences, de nos identités, de nos corps et d’un horizon de liberté.  Aujourd’hui plus que jamais, nous, femmes rurales, ne sommes toujours pas entendues ni visibles, nous ressentons la profonde distance qui nous sépare de cette salle de conférence à Rome. Le 15 octobre est une date vivante qui appelle à un changement radical de direction. Nous constatons avec amertume qu’aujourd’hui cette fête est vidée de son sens et de sa valeur et nous constatons que le processus de convergence nous a rendus invisibles. Dans ce scénario de crise alimentaire mondiale, nous posons la question suivante : à quoi bon nous célébrer, nous les femmes rurales, si en même temps nous continuons à être réduites au silence et discriminées dans les débats ? Pouvons nous nous permettre le luxe d’encourager cette contradiction ? Nous sommes des femmes : femmes rurales, paysannes, pêcheuses, pastoralistes, indigènes, travailleuses agricoles, consommatrices, femmes handicapées, femmes urbaines souffrant d’insécurité alimentaire, femmes sans terre, femmes jeunes. Nous vivons souvent dans des zones de conflit. Aujourd’hui, dans cette session, nous apportons à nouveau, en présentiel, nos expériences en matière d’inégalités. Ce faisant, nous démontrons notre engagement envers le CSA pour continuer à crier : Nous ne tolérerons plus ces oppressions ! Nous poursuivrons inlassablement ce travail puissant de construction d’autres vies rurales possibles, qui placent au centre une vie sans violence. Des vies qui placent au centre nos connaissances et notre sagesse autochtones, nos semences, nos territoires, nos pratiques agroécologiques, nos luttes et nos résistances. Sans reconnaissance mutuelle, il n’y a pas d’avenir. Nous sommes votre lien avec la réalité des différentes vies. Nous sommes la possibilité tangible du changement systémique dont nous avons besoin de toute urgence.

Evénement parallèle sur l’Intersectionnalité, l’égalité des sexes et le droit à l’alimentation

L’évènement était organisé par le Canada, le Haut-Commissariat aux droits humains (HCDH), ONU Femmes, le Mécanisme de la société civile et des peuples autochtones (MSCPA) et le Mécanisme pour le secteur privé (MSP). Les intervenants ont fait part du fait que les Directives volontaires du CSA sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles (GEWGE), et le CSA lui-même, doivent prendre pleinement en compte les différentes dimensions de l’égalité des sexes, y compris la reconnaissance de la diversité des femmes et des filles, afin de parvenir à des résultats politiques véritablement inclusifs, de sorte que toutes les personnes, sans exception, puissent vivre à l’abri de la discrimination, de la faim, de la malnutrition et de la violence qui entravent leur droit à l’alimentation. Modératrice : Stefania Tripodi, Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits humains. Intervenantes :
  • Souad Mahmoud, Marche mondiale des femmes, Groupe de travail Femmes et diversité de genre du MSCPA
  • Jemimah Njuki, Cheffe de l’autonomisation économique d’ONU Femmes
  • Irina Wandera, responsable du genre pour le Mécanisme du secteur privé (MSP)
  • Maarten de Groot, Représentant permanent adjoint du Canada
  • Paola Romero, FIAN Colombie, Groupe de travail Femmes et diversité de genre du MSCPA

Point IV de l’ordre du jour : Orientation stratégique du CSA à l’horizon 2030

En outre, le MSCPA a également participé aux segments de l’orientation stratégique du CSA à l’horizon 2030, concernant les Questions critiques émergentes et persistantes intéressant la sécurité alimentaire et la nutrition, et les outils de collecte et d’analyse des données, afin de présenter des commentaires sur les éléments du rapport du HLPE qui sont essentiels pour le processus en matière de politiques à venir sur les données.
Discours de Nora McKeon | Groupe de travail du MSCPA sur la gouvernance alimentaire mondiale
Le CSA doit prendre ses responsabilités en interdisant que la nourriture soit utilisée comme une arme de guerre et en mettant un terme au calvaire des millions de personnes qui subissent les conséquences des conflits et perdent la vie sur les routes de l'immigration et sur les bateaux de réfugiés.
Nora McKeon
Groupe de travail du MSCPA sur la gouvernance alimentaire mondiale
Questions cruciales, émergentes et persistantes intéressant la sécurité alimentaire et la nutrition – Intervention du MSCPA Le MSCPA exprime sa profonde appréciation pour le travail réalisé par le HLPE en tant que mécanisme du CSA permettant de fournir une base probante aux discussions politiques du Comité. Le HLPE est une institution unique en raison de sa portée multisectorielle, de sa composition équilibrée, de son approche interactive dans l’élaboration de ses rapports, et du fait qu’il reconnaît la validité des savoirs traditionnels, autochtones et des praticiens. Pour élaborer ses propositions dans le cadre du prochain PTPA 2024-2027, le MSCPA s’appuiera sur les résultats de la consultation populaire, dont nous avons rendu compte hier, qui a recueilli plus de 550 réponses dans 77 pays. Certaines questions importantes exprimées à plusieurs reprises dans les différentes régions sont déjà mentionnées dans les thèmes proposés par le HLPE, comme le changement climatique, les droits des travailleurs dans l’industrie de l’alimentation, les conflits et la fragilité des systèmes alimentaires. Le CSA doit prendre ses responsabilités en interdisant que la nourriture soit utilisée comme une arme de guerre et en mettant un terme au calvaire des millions de personnes qui subissent les conséquences des conflits et perdent la vie sur les routes de l’immigration et sur les bateaux de réfugiés. D’autres thèmes qui ont été soulevés par nos secteurs sociaux ne sont pas abordés dans le document du HLPE, comme par exemple l’importance des économies sociales et solidaires et de la réforme agraire populaire. Nous nous engageons de faire entendre les voix du terrain dans la définition des priorités du travail du CSA pour les années à venir. Nous allons mener à bien notre processus de consultation interne et nous soumettrons notre proposition dans les délais prévus.

Point V de l’ordre du jour. Outils de collecte et d’analyse des données

Déclaration prononcée par Patti Naylor (National Family Farm Coalition) | Groupe de travail sur les données du MSCPA
Le HLPE offre des éléments importants pour entamer la conversation sur une gouvernance juste des données, bien qu'il ne parvienne pas à élaborer des mécanismes adéquats et laisse de nombreuses questions sans réponse.
Patti Naylor
National Family Farm Coalition
Merci, Monsieur le Président. Le rapport du HLPE sur les « Outils de collecte et d’analyse des données » présente des perspectives importantes et intègre certaines de nos suggestions ; pour cela, nous tenons à exprimer notre appréciation pour ce rapport ambitieux. Nous aimerions également formuler quelques commentaires sur des éléments qui, selon nous, sont essentiels pour le processus à venir : Le rapport place la gouvernance des données au cœur du cadre proposé, ouvre le débat sur la numérisation, examine les outils de numérisation et soulève de sérieuses questions concernant l’équilibre entre les avantages et les risques. Il reconnaît que les technologies numériques émergentes doivent être prises en compte et élabore un cadre complet pour démocratiser la collecte des données et la prise de décision fondée sur ces données. Il aborde également l’importance d’ancrer le cadre conceptuel de la collecte et de l’analyse des données dans les droits humains, notamment le droit à l’alimentation, la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales. Cependant, malgré l’importance indéniable des développements technologiques qui ont amélioré la vie des gens à bien des égards, les valeurs qualitatives, sociales et culturelles essentielles ne peuvent pas être correctement reconnues de par l’importance excessive accordée actuellement à la collecte de données statistiques quantitatives. Aujourd’hui, la numérisation est intégrée dans tous les aspects de l’activité des systèmes alimentaires, de la production à la distribution en passant par la consommation, dans le but ostensible « d’optimiser »  les systèmes alimentaires pour les rendre plus durables et efficaces. Les technologies axées sur les données sont introduites par les entreprises agroalimentaires, souvent dans le cadre de partenariats avec de grandes entreprises technologiques. En conséquence, les données sur les systèmes alimentaires apparaissent désormais comme l’une des marchandises les plus précieuses. Cette accumulation massive d’informations numériques sur les sols, les semences, les systèmes de production et le comportement des consommateurs, ainsi que la capacité d’analyser et de traiter les données, concentrent le pouvoir et la richesse entre les mains de quelques-uns et mettent en péril la sécurité alimentaire future. Le rapport reconnaît les risques liés à ces technologies, notamment les préoccupations relatives à la discrimination fondée sur les algorithmes, le manque de transparence, le respect de la vie privée, le suivi et le ciblage contraires à l’éthique et les verrouillages numériques. Le rapport offre des éléments importants pour entamer la conversation sur une gouvernance équitable des données, toutefois, il ne parvient pas à élaborer des mécanismes adéquats et laisse de nombreuses questions sans réponse. Par exemple : comment la propriété et le contrôle privés de ces collectes de données privées biaisent-ils le type de données probantes disponibles, écartent-ils les exercices de collecte de données publics et conçus avec soin ou conduisent-ils à des conclusions particulières ? Comment empêcher les puissants acteurs du secteur des données de récupérer et d’exploiter des ensembles de données « publiques » à des fins privées ? Les recommandations politiques devraient apporter des réponses à ces questions ainsi qu’à d’autres. Des discussions substantielles sont encore nécessaires afin de parvenir à une compréhension commune de ce qui doit être fait. En ce sens, nous considérons que le calendrier de ce volet de travail n’est pas réaliste et nous recommandons vivement de revoir ce calendrier. Nos secteurs sociaux sont à la pointe de l’innovation en ce qui concerne la transformation des systèmes alimentaires vers l’agroécologie et la souveraineté alimentaire. Nous explorons les technologies en accès libre, ainsi que les méthodologies de collecte et d’analyse des données oeuvrant pour le bien social, comme par ex. les économies solidaires. Nous adoptons des technologies qui sont bénéfiques pour nos secteurs sociaux mais nous mettons aussi en avant les savoir acquis par le biais des expériences vécues. Enfin, nous sommes profondément engagés dans la création et le partage de connaissances au service de la protection et du bien-être de nos communautés, de nos pays et de la planète. Ce processus d’élaboration de la politique des données est l’occasion de renforcer la démocratie, la prise de décision participative et inclusive pour la sécurité alimentaire et la nutrition. Merci.

Point VI de l’ordre du jour. Donner aux jeunes les moyens de participer à des systèmes alimentaires inclusifs et durables. Approbation et mise en œuvre des recommandations de politique générale du CSA.

Le 12 octobre, au cours du segment Donner aux jeunes les moyens de participer à des systèmes alimentaires inclusifs et durables, les recommandations de politique du CSA sur l’engagement des jeunes dans l’agriculture et les systèmes alimentaires pour la sécurité alimentaire et la nutrition ont été approuvées et la délégation des jeunes du MSCPA a fait des déclarations pour présenter son évaluation interne ainsi que ses réserves. Le groupe de travail Jeunesse du MSCPA a approuvé les recommandations de politique générale mais a demandé à ce que ses réserves soient incluses dans une annexe au rapport final du CSA 50.
Déclaration prononcée par Sefu Sanni (Marche mondiale des femmes) | Groupe de travail des jeunes du MSCPA
Compte tenu de l'ampleur des défis, nous avions espéré un document plus ambitieux qui identifierait les principaux défis qui empêchent l'engagement digne des jeunes dans les systèmes alimentaires et proposerait des recommandations significatives pour les résoudre. Malheureusement ce n'est pas le cas.
Sefu Sanni
Marche mondiale des femmes
Chanson “Soma Soma Soma” (Study, Study, Study) Kijana ah. Wazuri wazidi kuzaliwa.Na dunia. Nayo yazidi badilika-it continues to change. Kijana aa. ( Young person. The good ones/ the beautiful are yet to be born. And the world. It continues to change. Young person) Il s’agit d’une chanson de mon pays, le Kenya, qui encourage les jeunes à étudier, afin de leur garantir un bon gagne-pain pour leur avenir. La plupart du temps, ce n’est pas le cas. Nous sommes reconnaissant.e.s de l’occasion qui nous est donnée de faire entendre la diversité de nos voix directement ici au CSA. Je m’appelle Sefu Sanni, coordinatrice du groupe de travail des jeunes du MSCPA et membre de la Marche mondiale des femmes. Aujourd’hui, ce à quoi nous sommes confronté.es, c’est une crise mondiale pour les jeunes, qui sont sans emploi, confronté.es au fait que l’agriculture n’est pas considérée comme un moyen de gagner sa vie de manière durable et digne, et qui sont aux prises avec de nombreux problèmes tels que l’exode rural, le changement climatique, le manque d’accès à la terre et aux ressources naturelles… Compte tenu de l’ampleur des défis à relever, nous avions espéré un aboutir à un document plus ambitieux qui identifierait les principaux défis qui entravent l’engagement digne des jeunes dans les systèmes alimentaires et formulerait des recommandations significatives pour les relever. Or ce n’est pas le document que nous avons négocié. Le GT « Jeunes » du MSCPA a analysé le document et a constaté que, malgré plusieurs aspects positifs, d’autres éléments clés manquent ou sont néfastes. Éléments positifs dans le document :
  1. l’ajout des la formulation « moyens d’existence dignes » et pas seulement de « travail décent ».
  2. des recommandations pour des réformes redistributives qui pourraient s’attaquer aux inégalités entre les genres, à la concentration de la propriété et à la pauvreté rurale.
  3. l’inclusion du terme « situations de marginalisation » et pas seulement de « vulnérabilité ».
  4. recommandations pour des politiques sexospécifiques et transformatives en matière de genre
  5. des recommandations pour la reconnaissance, la compensation et la redistribution du travail non rémunéré, y compris les soins et le travail domestique effectués principalement par les jeunes femmes
  6. une référence aux marchés informels, aux carrefours alimentaires locaux, à l’agriculture soutenue par la communauté, à l’agriculture urbaine et périurbaine et aux marchés publics.
2) Les points manquants Les droits des femmes, les droits des personnes non hétéronormatives et la centralité des droits des paysan.ne.s sont absents du document. Le droit à la souveraineté alimentaire n’est pas vraiment pris en compte. Il n’y a pas de reconnaissance du fait que les jeunes constituent un groupe diversifié et hétérogène qui subit des formes d’oppression entrecroisées. Les injustices historiques, la violence structurelle, les inégalités systémiques, ne sont pas reconnues. Les limites à la croissance sur la planète et l’empreinte écologique du système alimentaire agro-industriel, que les jeunes ont globalement dénoncé, ne sont pas prises en compte. En outre, les recommandations ne reconnaissent pas le potentiel transformateur de l’agroécologie et ne considèrent pas les jeunes comme des agents d’un changement systémique. L’incapacité à tracer les voies d’une transition équitable vers un avenir dans lequel tous les peuples – dans toute leur diversité – peuvent vivre dans la dignité, la paix, en harmonie avec la nature, et avec leurs droits humains pleinement réalisés et protégés par les États. 3) Les points néfastes
  • La distinction entre le Droit à l’alimentation et les autres Droits humains fondamentaux est néfaste car elle porte atteinte aux principes et aux multiples instruments du cadre juridique international des Droits humains.
  • L’agroécologie est la solution à la menace que pose l’agriculture industrielle non durable [qui détruit notre système alimentaire]. Son potentiel n’est pas suffisamment pris en compte dans les recommandations politiques. Au contraire, la proposition de la recommandation politique est de continuer à faire tourner l’agriculture industrielle, dont le modèle est extractif et structurellement violent. C’est la principale raison pour laquelle les jeunes sont exclus des systèmes alimentaires et c’est pour cela que nous luttons contre elle.
  • Enfin, les recommandations du rapport HLPE ont été fondamentalement ignorées dans les discussions du GTCNL et pendant les négociations.
Pour ces raisons, si les jeunes du MSCPA soutiendront l’approbation par les Etats membres des recommandations politiques, ils le font néanmoins avec de fortes réserves qui seront présentées par l’autre coordinateur du GT.
Déclaration prononcée par Tyler Short (Family Farm Defenders et La Via Campesina) | Groupe de travail des jeunes du MSCPA
Des réformes agraires complètes et véritables sont nécessaires pour garantir que les jeunes - dans toute leur diversité - puissent avoir un avenir digne dans l'agriculture et les systèmes alimentaires.
Tyler Short
Family Farm Defenders
Je remercie la Présidence de me donner la parole. Je m’appelle Tyler Short. Je pratique l’agroécologie en tant que travailleur agricole dans une petite exploitation familiale, et je suis membre du comité de coordination du MSCPA pour le secteur social des jeunes, représentant le mouvement paysan international La Via Campesina. Comme l’a indiqué Sefu du MSCPA, notre groupe de travail sur la jeunesse a déterminé qu’il y avait des éléments positifs dans les recommandations politiques, et nous pensons que si les États mettaient en œuvre ces aspects relativement acceptables, alors l’engagement des jeunes dans les systèmes alimentaires pourrait vraiment s’améliorer et se développer. Cependant, plusieurs éléments du résultat politique auront l’effet inverse – à savoir que, s’ils sont mis en œuvre, ils limiteront l’engagement des jeunes – et dans certains cas, ils pourraient même s’avérer néfastes. Bien que nous soutenions l’adoption du document, nous ne pouvons le faire sans communiquer au préalable nos réserves en la mtière. Suivant le précédent établi lors de la CSA 47, nous demandons sincèrement le soutien des États membres afin que soit incluse une note explicative contenant nos réserves, en annexe du rapport final de la présente plénière. En raison des limites de temps, je ne peux que vous en exposer quelques-unes ici. Nous avons fourni une copie complète au Secrétariat du CSA. Premièrement, le MSCPA se dissocie de toute référence textuelle aux jeunes « dans des situations et conditions diverses ». Cette formulation ne reconnaît pas la diversité des jeunes, notamment en ce qui concerne les identités multiples et croisées et les identités des personnes historiquement soumises à une discrimination fondée sur leur orientation sexuelle et leur identité de genre. Le MSCPA s’insurge également contre l’exclusion des paysan.nes en tant que secteur social clé devant être pris en compte par ces recommandations et consulté pour leur mise en œuvre. Deuxièmement, le MSCPA constate que le résultat politique ne reconnaît pas explicitement les droits des femmes. En outre, nous nous dissocions des réserves apportées aux questions relatives aux droits humains dans les recommandations, en particulier la réserve « dans la mesure où ils ont été convenus, reconnus et/ou approuvés » qui a été placée devant la référence à l’UNDROP, l’UNDRIP, la CEDAW et d’autres instruments des droits humains, ainsi que la réserve « le cas échéant » en rapport avec les références au droit au consentement préalable, libre et éclairé des peuples autochtones. Ces réserves rendent les références incompatibles avec le droit international. Troisièmement, le MSCPA se dissocie du langage appelant à un « accès équitable » aux ressources productives, plutôt que de reconnaître que les jeunes ont des droits humains qui leur garantissent l’accès à ces sources de vie, y compris les droits à la terre, aux semences et à l’eau tels qu’ils sont consacrés par les termes de l’UNDROP et l’UNDRIP. Quatrièmement, le MSCPA se dissocie des références à « d’autres approches novatrices» que les recommandations font figurer en parallèle de l’agroécologie. En assimilant ces deux approches, les recommandations ne reconnaissent pas le potentiel transformateur de l’agroécologie . Cinquièmement, la souveraineté alimentaire – qui était au centre du rapport du HLPE sur la jeunesse mais n’a pas été acceptée dans le texte final du résultat politique – incorpore diverses dimensions de l’agentivité des jeunes ainsi que l’importance fondamentale des droits humains pour la transformation radicale des systèmes alimentaires. Le MSCPA se dissocie donc des multiples passages et formulations qui mettent en avant l’entrepreneuriat des jeunes en raison du manque d’équilibre général du document. Sixièmement, le MSCPA se dissocie du faible langage sur l’appropriation et le contrôle des jeunes sur les outils numériques et autres ainsi que sur leurs données. Les recommandations politiques ne parviennent pas à formuler une conception de l’innovation qui reconnaît les diverses formes d’innovations sociales, techniques et culturelles qui soutiennent les transitions vers des économies du bien-être. Enfin, le MSCPA est très préoccupé par la manière dont est traitée le rapport du HLPE dans le processus de négociation, en particulier par le fait que l’évaluation scientifique du HLPE sur les défis structurels de l’engagement et de l’emploi des jeunes n’a pas été prise au sérieux. Le MSCPA se dissocie donc de la formulation décrivant ce résultat politique comme étant « informé par » le rapport du HLPE. Si ces recommandations s’étaient réellement inspirées du rapport du Groupe d’experts de haut niveau, elles proposeraient les mesures nécessaires à la transformation radicale de nos systèmes alimentaires, une transformation qui s’impose de toute urgence. En conclusion, nous voulons répéter que ce processus a été un véritable défi pour nous. Mais, Monsieur le Président, permettez-moi de terminer sur une note positive : Alors que nous célébrons le 10è anniversaire de l’adoption des Directives sur le foncier, nous devons souligner l’importance cruciale de la référence aux réformes redistributives dans la Recommandation n°3. Comme l’indiquent les Directives, les réformes redistributives sont particulièrement pertinentes en raison des inégalités fondées sur le genre ainsi que dans les situations marquées par un degré élevé de concentration de la propriété associée à un niveau important de pauvreté rurale imputable au manque d’accès à la terre, à la pêche et aux forêts. Des réformes agraires effectives et véritables sont nécessaires pour garantir que les jeunes – dans toutes leurs diversités – puissent bénéficier d’un avenir digne dans l’agriculture et les systèmes alimentaires. Merci.

Nos droits, nos corps, notre avenir – événement parallèle

Des jeunes du monde entier ont présenté leurs visions de l’avenir des systèmes alimentaires, ainsi que l’évaluation interne du groupe de travail jeunesse du MSCPA sur les recommandations politiques du CSA pour la jeunesse. L’événement était animé par Moïse Mbimbe, d’Action for Community Development (ACD), et le groupe de travail jeunesse du MSCPA. Intervenants :
  • Nadia Lambek, Groupe de travail Jeunesse du MSCPA.
  • Paola Laini, Coordination européenne de La Via Campesina, Groupe de travail Jeunes du MSCPA.
  • Moayyad Bsharat, La Vía Campesina, Comité de coordination du MSCPA
  • Blanco Kiyongo, COPACO, Groupe de travail des jeunes du MSCPA.
  • Migdalia “Tai Pelli” Pellicier, Conseil international des traités indiens, Comité de coordination du MSCPA.
  • Michael Fakhri, Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation.
  • Hannah Wittman, Université de Colombie britannique au Canada, et représentante du groupe d’experts HLPE.
  • Víctor Suárez Carrera, vice-ministre pour l’autosuffisance alimentaire, Mexique.
  • Sefu Sanni, Marche mondiale des femmes, Groupe de travail des jeunes du MSCPA.

Evénement spécial | Transformations des systèmes alimentaires – Construire la résilience à long terme face aux crises mondiales

Le jeudi 13 octobre, s’est tenu un événement spécial du CSA 50 intitulé “Transformations des systèmes alimentaires – Construire la résilience à long terme face aux crises mondiales”, où les États membres et les autres participants du Comité ont partagé des informations concernant les parcours nationaux et d’autres activités qui suivront le Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires à partir de 2021.
Déclaration de Magdalena Ackermann (SID) | Groupe de travail du MSCPA sur la gouvernance alimentaire mondiale
Allons-nous nous attaquer aux obstacles structurels pour répondre à la crise alimentaire ? Parce que la transformation du système alimentaire ne peut se faire que si les barrières structurelles, les contraintes structurelles sont démantelées.
Magdalena Ackermann
SID
Merci de nous donner la parole. Vous avez souligné au début de l’événement que nous devrions également mettre en avant les défis avant d’aborder la question. Je voudrais donc souligner quelques défis avant d’ajouter ma question à celles posées au panel, mais aussi aux États membres ici présents dans la salle ce matin. Nos secteurs sociaux nous ont fait part des résultats et des processus qui sous-tendent ces parcours nationaux, ces dialogues nationaux. Et les résultats que nous constatons sont que très souvent ces dialogues et ces parcours sont très déconnectés des réalités sur le terrain. Ils sont déconnectés. Ils ne répondent pas à la crise à laquelle nous sommes confrontés. Et ils sont aussi très souvent fragmentés, non seulement au sein des pays eux-mêmes, mais il y a actuellement une fragmentation qui augmente entre les pays. La question qui se pose aujourd’hui au groupe d’experts, aux États membres du CSA ici présents, est donc la suivante : allons-nous nous attaquer aux obstacles structurels pour répondre à la crise alimentaire ? Parce que la transformation du système alimentaire ne peut se produire que si les obstacles structurels, les contraintes structurelles sont démantelés. En tant que MSCPA, nous avons formulé et proposé les réponses ainsi que les mesures dont nous avons besoin pour lever ces obstacles structurels. Je vais en mentionner quatre. Pour parvenir à une transformation à long terme du système alimentaire, il est indispensable de rompre la dépendance aux importations alimentaires et de soutenir l’approvisionnement alimentaire national, de transformer les systèmes alimentaires par le biais de l’agroécologie et des marchés territoriaux, de mettre en œuvre la souveraineté alimentaire et de limiter le pouvoir des entreprises.  Et enfin, de garantir les droits humains et le multilatéralisme démocratique. Ma question est donc la suivante : allons-nous nous attaquer à ces obstacles structurels ici, au sein du CSA, afin de garantir la coordination des politiques pour répondre à cette crise alimentaire ? Merci beaucoup.
La 50e session plénière du CSA a été ajournée comme l’explique Tyler Short dans la vidéo suivante. La suivante publication en ligne fournit une analyse des enjeux : Sécurité alimentaire en jeu, multilatéralisme en danger : quand la politique échoue
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