Le groupe de travail des jeunes du MSC a analysé collectivement la situation actuelle, inédite dans l’histoire de notre monde. Nous présentons ce message urgent au CSA et aux États membres : le moment est venu d’acter la transformation. Le moment est venu d’opérer une transition équitable et de s’éloigner de l’économie extractive qui fonde le capitalisme.
Nos mouvements sociaux et les organisations de la société civile s’opposent au contrôle exercé par les entreprises sur les systèmes alimentaires et agricoles. Depuis la base même de notre société, nous luttons pour parvenir à la souveraineté alimentaire des peuples.
Nous défendons la démocratie et notre droit à une alimentation saine et culturellement appropriée, produite selon des méthodes socialement équitables et écologiques. Les petits producteurs d’aliments, les travailleurs de première ligne et les organisations de base doivent être en mesure de déterminer comment elles se nourrissent, et comment nous le faisons au service de nos communautés.
Nous demandons au CSA de plaider fermement en faveur de la mise en œuvre immédiate de la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP), en plus des Directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers applicables aux terres, aux pêches et aux forêts. Au cours de cette Décennie des Nations unies pour l’agriculture familiale (2019-2028), le CSA doit promouvoir la souveraineté alimentaire et l’agroécologie paysanne en tant que véritables solutions aux crises sociales et écologiques auxquelles les jeunes sont confrontés.
La pandémie du COVID-19 continue d’impacter la société et le marché mondial. Cependant, les petits producteurs d’aliments et les communautés organisées ont prouvé tout au long de la pandémie que les économies fondées sur la solidarité, la coopération et l’écologie sont extrêmement adaptables et résilientes. Des systèmes alimentaires localisés, diversifiés, directs et contrôlés démocratiquement sont la clé de notre survie en tant qu’espèce.
L’industrie agroalimentaire nous exploite, empoisonne notre corps et pollue nos sources de vie communes. L’agrobusiness et les gouvernements néolibéraux détruisent les écosystèmes et les marchés locaux, favorisant ainsi les puissantes sociétés transnationales. L’agriculture capitaliste prive le sol de ses nutriments et prive les travailleurs et les paysans du droit de cultiver et de vivre une «vie décente ».
Pour construire cette nouvelle alternative – une économie régénératrice de la vie, enracinée dans la sagesse ancestrale – les États membres doivent se défaire du paradigme de la production alimentaire industrielle, qui repose si fortement sur l’extraction, le militarisme et les violations des droits humains, avec une recherche constante du profit et d’accumulation du capital.
Soutenez les marchés locaux et la distribution alimentaire informelle et non marchande ! Aider à l’expansion des écoles gérées par des mouvements sociaux, tels que La Via Campesina, pour la formation des jeunes à la politique et à la science de l’agroécologie paysanne ! Adoptez une véritable réforme agraire !
Aujourd’hui, en cette Journée des peuples autochtones, nous demandons la pleine application de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (UNDRIP) et nous rendons hommage à notre camarade Berta Isabel Cáceres Flores, une femme de la Nation Lenca qui a co-fondé et coordonné le Conseil des organisations populaires et autochtones du Honduras (COPINH). Elle a été assassinée chez elle il y a plus de quatre ans, probablement en représailles à son rôle de leader dans la lutte organisée contre un projet de barrage hydroélectrique sur le fleuve Gualcarque, un fleuve sacré dont le peuple Lenca dépend pour sa subsistance.
On se souvient également que, lors de la 44e session plénière du CSA (2017), l’intervention du groupe de travail « Femmes » du MSC a permis d’identifier les trois principales causes de l’assujettissement et de l’inégalité des femmes. Azra Sayeed a souligné : « Le patriarcat, le féodalisme et le néolibéralisme accaparent nos terres, nos eaux, nos semences, nos forêts et nos ressources naturelles, nos territoires, nos corps ! Ainsi que nos droits. Ils ignorent les connaissances ancestrales de nos sœurs indigènes, criminalisent nos luttes et laissent impunie la violence faite aux femmes en ouvrant la porte à la discrimination, aux conflits, aux crises, à l’occupation, aux déplacements et à la guerre ».
Les droits des jeunes, des femmes, des peuples autochtones, des paysans et des travailleurs, quel que soit leur statut d’immigration, doivent être pleinement réalisés afin de concrétiser la vision et le mandat du CSA. Nous respectons la diversité et exigeons l’inclusion, en particulier pour les personnes lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, transsexuels, homosexuels, intersexuels et toutes les autres personnes marginalisées en raison de leur âge, de leur genre, de leur race, de leur ethnicité, de leur classe, de leur caste et de leurs capacités. Nous exigeons des politiques fondées sur l’équité qui réparent les torts de l’oppression systémique.
Les États membres doivent défendre le droit à l’alimentation afin de garantir la paix sociale et la dignité humaine pour tous. Nous dénonçons l’échec honteux des institutions multilatérales, incapables de mettre fin à des guerres qui perdurent depuis des décennies, à l’utilisation de l’alimentation comme d’une arme de guerre et à la mondialisation de la faim et de la malnutrition. Comme l’avait déclaré, en 1967 le Dr Martin Luther King Jr, leader noir des droits civiques, le gouvernement américain continue d’être « le plus grand pourvoyeur de violence dans le monde aujourd’hui ».
Le CSA devrait être profondément préoccupé par les attaques contre la démocratie et les obstructions aux institutions de la gouvernance mondiale perpétrées par les puissances impériales, les régimes autoritaires et les mouvements politiques d’extrême droite. Le fascisme et l’effondrement écologique sont des dangers réels, présents, générés par la violence structurelle et les contradictions du capitalisme.
Nous exigeons d’être reconnus comme des jeunes protagonistes de l’histoire, qui sont capables et travaillent déjà à l’élaboration d’un avenir meilleur. Pour renforcer le CSA, les États membres doivent soutenir l’organisation des jeunes au sein du MSC, un espace nécessaire pour nous permettre de nous engager dans l’apprentissage et le débat collectifs.
Nous demandons instamment au CSA de développer des pratiques qui garantissent la participation et le leadership significatifs des jeunes représentant les communautés indigènes et la société civile.
Je vous remercie.
Mondialisons la lutte ! Mondialisons l’espoir !
La déclaration du groupe de travail des jeunes du MSC publiée en octobre 2020 décrit ce que les jeunes et leurs communautés ont vécu ces derniers mois, comment ils ont répondu aux défis causés ou exacerbés par la COVID-19 et quelles sont leurs exigences vis-à-vis des gouvernements et de la communauté internationale. Ces exigences politiques ne répondent pas seulement à l’impact de COVID-19, mais visent également à montrer la voie vers la mise en place de systèmes alimentaires sains, durables, résilients et dignes pour tous et pour toutes.