L’été touche à sa fin dans l’hemisphere nord, mais pas l’opposition massive au Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires. Depuis le contre Pré-sommet, auquel ont participé plus de 9000 personnes et qui a provoqué une onde de choc sur les réseaux sociaux ainsi que dans les grands médias, notre mouvement critique a pris de l’élan. Le pré-sommet, quant à lui, n’était rien de plus qu’un talk-show. Son programme n’a absolument pas abordé les causes structurelles de nos systèmes alimentaires injustes et non durables, et a complètement ignoré la concentration inquiétante du pouvoir du complexe agro-industriel et les impacts dévastateurs de la pandémie de COVID-19 sur la crise alimentaire croissante.
Le 8 septembre dernier, le Groupe de Liaison de la Réponse Autonome du Peuple a rencontré la Secrétaire Générale Adjointe des Nations Unies, Amina Mohammed. C’était l’occasion de poursuivre avec elle une conversation entamée il y a quelques mois sur nos préoccupations concernant le sommet de l’ONU et d’exprimer nos demandes pour une transformation radicale des systèmes alimentaires façonnée par les personnes les plus touchées par la faim et la malnutrition, et non par les entreprises de l’agrobusiness. Ce fut une conversation franche et honnête dans laquelle les deux parties ont apprécié l’opportunité d’échanger des perspectives critiques. Cependant, la voie de la transformation des systèmes alimentaires proposée par le sommet est fondamentalement opposée aux visions de la souveraineté alimentaire, de l’agroécologie et des droits humains. Nous étions d’accord sur le fait que le multilatéralisme est menacé – mais en désaccord sur l’impact de cette menace sur la gouvernance alimentaire mondiale.
En fait, la principale préoccupation de la Réponse autonome des peuples est que le sommet tente soit de corrompre les structures de gouvernance déjà existantes, soit de créer un univers déconnecté en soi – les deux scénarios étant également problématiques. Au cours des derniers mois, les promoteurs du sommet ont perdu toute honte en essayant de saboter le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) des Nations unies, un espace de gouvernance démocratique et inclusive des systèmes alimentaires, ainsi que son Groupe d’experts de haut niveau sur la sécurité alimentaire et la nutrition (HLPE). Le CSA est la plateforme intergouvernementale la plus inclusive au monde, qui bénéficie de la participation de la société civile et des peuples autochtones représentant les personnes les plus touchées par la faim et l’insécurité alimentaire.
“Étant influencé par des sociétés du complexe agro-industriel, des think-tank et des philanthropes, [le sommet] ne reflète pas la riche histoire de participation et d’inclusion des forums multilatéraux des Nations unies”, écrit le Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, Michael Fakhri, dans l’un de ses derniers rapports. En fait, le sommet tente de diluer le droit des personnes à participer à la prise de décision par le biais de l’approche dite multipartite. Le multipartenariat est la dernière tactique utilisée par les multinationales qui, motivées par leur appât du gain, imposent leurs projets et investissements sur les communautés locales, en particulier dans le Sud. Ce modèle de gouvernance leur permet de s’associer aux gouvernements et aux acteurs favorables aux entreprises pour “résoudre” des problèmes qu’elles ont eux-mêmes créés le plus souvant. Par le biais d’évènements comme le sommet de l’ONU sur les systèmes alimentaires, les grandes entreprises agro-industrielles lancent une série de fausses solutions qui ne remettent pas en question les violations des droits humains, les infractions climatiques et environnementales, l’impunité et l’absence totale de redevabilité.
La Réponse Autonome des Peuples ne baissera pas sa garde. Au contraire, elle continuera à articuler et à diffuser les messages critiques des territoires et des communautés. Elle a lancé une déclaration politique qui est maintenant disponible en plusieurs langues et ouverte à la signature des organisations. Cette déclaration est un appel à tous les gouvernements et décideurs du monde entier : une transformation radicale des systèmes alimentaires est plus que jamais nécessaire. Les politiques néolibérales et un système alimentaire basé sur la production agricole intensive et orientée vers l’exportation, les chaînes d’approvisionnement mondiales et le profit des entreprises ont causé des injustices économiques, sociales et environnementales dévastatrices qui ont été exacerbées par la crise actuelle du COVID-19. Il est tout à fait inacceptable que ces questions ne soient pas abordées lors d’un événement qui se veut être un “sommet des peuples”.
La lutte pour des systèmes alimentaires durables, justes et sains ne peut être dissociée des réalités des peuples dont les droits, les connaissances et les moyens de subsistance n’ont pas été reconnus ni respectés. Pour cette raison, nous continuerons à organiser des événements virtuels dans les jours et semaines à venir. Gardez un œil sur foodsystems4people.org pour plus de détails !
Lire et signer la déclaration
Cette déclaration est également disponible en anglais, espagnol, portugais et basque.
Programme des prochains événements organisés dans le cadre de la Contre-mobilisation des peuples
Le mercredi 22 septembre, de 14h à 16h CET, nous organiserons un briefing public pour toutes les organisations, individus et journalistes intéressés. Lors de cette réunion, nous présenterons la déclaration politique et soulignerons nos préoccupations concernant le suivi du sommet. Vous pouvez vous inscrire ici.
Des organisations africaines ont publié une déclaration régionale lors de leur événement continental organisé le 16 septembre, qui va de pair avec une autre déclaration lancée lors des contre-mobilisations de juillet.
Des contre-mobilisations régionales sont également prévues le 22 et 23 septembre. En Australie, un événement virtuel intitulé “La solidarité et le sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires” aura lieu de 10h30 à 11h30 CET. Visitez ce lien pour plus d’informations et pour vous inscrire. Un événement virtuel pour l’Asie aura également lieu le 22 septembre. De plus amples informations seront bientôt disponibles sur la page ‘programme’ de notre microsite.
Le 23 septembre, les organisations pour la souveraineté alimentaire nord-américaines, en partenariat avec La Via Campesina, organiseront un événement virtuel d’une demi-journée. Pour en savoir plus, cliquez ici.



