Rome, 7 Janvier 2019
Madame/Monsieur,
Les ravages et les terribles souffrances causés par la guerre au Yémen sont l’objet de grandes préoccupations. Le conflit, l’effondrement de l’économie et l’augmentation des prix des aliments continuent de jeter la population civile dans les affres de la faim et de la malnutrition. En tant que Président du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA), la plateforme du système des Nations Unies qui s’emploie à libérer le monde de la faim, et m’exprimant au nom de ses membres et de ses participants, et je ne peux rester muet lorsque 8 millions de personnes sont au bord de la famine et que chaque jour 130 enfants de moins de cinq ans meurent de faim ou d’une maladie due à la malnutrition. Si des mesures ne sont pas prises de toute urgence, c’est toute une génération yéménite qui est menacée.
Je vous écris aujourd’hui afin de vous demander instamment de prendre toutes les mesures nécessaires pour honorer les engagements internationaux qui ont été pris, en protégeant les civils contre de nouvelles dévastations au Yémen, en allégeant leurs souffrances et en évitant de nouvelles dégradations de leurs moyens de subsistance.
Comme le montrent les derniers rapports annuels sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, la faim et la malnutrition sont le plus souvent le résultat d’un ensemble de facteurs, au premier rang desquels les conflits et les catastrophes provoquées par l’homme. Au Yémen, des combats intenses bouleversent les systèmes alimentaires, compromettent les moyens de subsistance et empêchent l’aide et les approvisionnements de parvenir à ceux qui en ont besoin. À l’heure actuelle, trois Yéménites sur quatre ne sont pas en mesure de produire ni d’acheter de quoi se nourrir.
Je joins ma voix à celle de la Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, pour demander à toutes les parties impliquées dans le conflit de permettre le passage libre, régulier et sans entraves de l’approvisionnement alimentaire et des autres formes de secours humanitaire, et de s’abstenir de toute action qui priverait les civils de leur droit fondamental à l’alimentation et à la santé.
Outre que nous devons apporter des secours humanitaires d’urgence afin de répondre aux besoins immédiats, il nous faut dès maintenant planifier l’aide à moyen et à long termes qui devra être apportée pour faciliter le relèvement et renforcer la résilience, lorsque des bases solides auront été jetées en faveur de la paix. Le CSA a formulé plusieurs recommandations, parmi lesquelles le Cadre d’action pour la sécurité alimentaire et la nutrition lors des crises prolongées (CSA-CDA), qui décline des approches concrètes visant à améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition des populations touchées par des crises prolongées ou qui risquent de l’être.
Le fait que le Comité soit un organe multipartite donne au CSA-CDA une légitimité considérable et lui permet de réunir les gouvernements, les organismes des Nations Unies, la société civile, le secteur privé, les universités et d’autres parties prenantes autour d’un consensus mondial sur l’amélioration de la situation des populations touchées par les crises prolongées, en ce qui concerne la sécurité alimentaire et la nutrition. Le CSA-CDA énonce des principes à appliquer face aux manifestations critiques de ces crises, pour le renforcement de la résilience et pour la lutte contre les causes profondes des crises et des conflits.
Je m’associe aux autres membres du Bureau du CSA pour réitérer par la présente l’appel qui a été lancé, notamment par le Secrétaire général de l’ONU et par les chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies, en vue de la fourniture d’une assistance, et pour inviter instamment toutes les parties prenantes, publiques et privées, à mettre en œuvre les mesures et les principes énoncés dans le CSA-CDA à l’appui de la population yéménite menacée de famine.
Nous devons, en tant que membres de la communauté internationale, agir d’urgence et nous engager dans une action efficace afin d’éliminer le spectre de la famine et d’éviter que le Yémen ne devienne le théâtre de la plus grave catastrophe humanitaire de l’histoire. La population yéménite a besoin de notre aide dans les plus brefs délais!
Veuillez agréer, Madame/Monsieur, l’assurance de ma considération distinguée.
Mario Arvelo
Président du
Comité de la sécurité alimentaire mondiale