• Dans une lettre adressée au président du Comité des Nations unies pour la sécurité alimentaire mondiale (CSA), le Mécanisme de la société civile et des peuples autochtones (MSCPA) demande la tenue d’une session plénière extraordinaire pour faire face à la nouvelle complexité de la crise alimentaire mondiale. 
  • Les solutions proposées jusqu’à présent sont insuffisantes et ne permettent pas une véritable transformation pour prévenir les crises futures. 

Rome, Italie. Le 07 avril 2022. La guerre en Ukraine crée une nouvelle complexité dans la crise alimentaire mondiale qui vient s’ajouter aux crises existantes engendrées par la pandémie COVID-19, les multiples conflits et crises prolongées, les inégalités profondes et le changement climatique. Pour cette raison, le Comité de Coordination du MSCPA a demandé la tenue d’une Session Plénière Extraordinaire du Comité des Nations Unies pour la Sécurité Alimentaire Mondiale, par le biais d’une Lettre Ouverte adressée à son Président Gabriel Ferrero, Ambassadeur itinérant de l’Espagne pour la sécurité alimentaire mondiale. 

Cette session plénière extraordinaire du CSA devrait avoir pour objectif de faire face à la crise accumulée en rassemblant les points de vue et les demandes de tous les pays, communautés et acteurs touchés afin d’élaborer une réponse politique mondiale coordonnée. 

Dans sa lettre, le MSCPA note que cette nouvelle complexité affecte particulièrement les pays à revenu faible ou intermédiaire qui sont dépendants des importations alimentaires. C’est le cas, par exemple, des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, dont les systèmes de production locaux ont été affaiblis au cours des dernières décennies et qui sont désormais fortement dépendants des importations de denrées alimentaires, notamment du blé en provenance d’Ukraine et de Russie, faisant de la guerre et de la hausse des prix un facteur de déstabilisation majeur. 

À l’échelle mondiale, les prix des denrées alimentaires augmentent depuis un certain temps déjà et cette hausse n’est pas seulement le résultat d’une pénurie de la production alimentaire, comme le prétendent certaines institutions des Nations unies ainsi que les pays agro-exportateurs et les entreprises agroalimentaires. Au contraire, elle est principalement engendrée par un certain nombre de facteurs comme la pandémie de COVID-19, les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, la concentration du pouvoir dans les chaînes d’approvisionnement, la hausse des prix de l’énergie, l’augmentation des injustices sociales et de la pauvreté, ainsi que les catastrophes climatiques, le tout encore exacerbé par la marchandisation et la financiarisation de l’alimentation, de l’agriculture et de la spéculation. 

Cette augmentation a eu des effets dévastateurs sur l’inflation des prix alimentaires et sur le droit à l’alimentation des communautés marginalisées, en particulier dans les pays à faible revenu qui dépendent fortement des importations alimentaires et de l’agriculture, ainsi que dans les pays en conflit prolongé qui dépendent de l’aide alimentaire humanitaire.

En outre, le système alimentaire agro-industriel mondial actuel est fortement dépendant des combustibles fossiles. Les prix des denrées alimentaires sont directement liés aux prix de l’énergie basée sur les combustibles fossiles, par exemple, par le biais de l’augmentation des coûts des engrais et autres intrants, du transport et de la production accrue d’agrocarburants. 

Une autre facette de cette crise en cours est la concurrence croissante entre l’alimentation animale et l’alimentation humaine. La Russie et l’Ukraine sont de gros exportateurs de maïs, mais seulement 12 % environ du maïs est consommé à des fins alimentaires, tandis que 60 % environ est destiné à l’alimentation du bétail. Les efforts immédiats visant à répondre à la crise de l’alimentation animale, tels que l’allocation de nouvelles terres pour augmenter la production d’aliments pour animaux, sans remettre en question les problèmes multiples et profondément enracinés du secteur de l’élevage intensif, mettront encore plus de pression sur la diversité de la production et de la consommation agricole et alimentaire qui est la plus pertinente pour les sociétés des différentes régions du monde.

En outre, on constate une augmentation du discours qui met l’accent sur la nécessité d’une approche plus productiviste de l’agriculture, plutôt que sur le soutien aux petits exploitants familiaux. On constate également dans de nombreux cas une augmentation des subventions publiques pour les engrais, plutôt qu’un soutien aux approches respectueuses de l’environnement ou à l’agroécologie. Ces aspects, ainsi que l’empreinte carbone très élevée de la guerre, constituent une menace accrue pour notre planète et des facteurs aggravants de la crise climatique.

En ce moment, nous constatons les nombreux ingrédients d’une crise mondiale croissante des prix alimentaires : la crise énergétique, la spéculation internationale et nationale, la hausse des coûts de production et la concentration du pouvoir par une petite poignée d’acteurs dans le commerce des céréales, la production d’engrais et le transport maritime qui contrôlent le commerce international. En outre, les réglementations existantes qui régissent les marchés mondiaux sont asymétriques : elles sont plus strictes pour les importateurs que pour les exportateurs, car les pays exportateurs peuvent facilement décider de taxer ou de limiter les exportations en cas de crise.

Les secteurs sociaux du MSCPA soulignent qu’il ne s’agit pas d’une crise de production à laquelle il faut répondre par des recettes agro-industrielles habituelles. Il s’agit d’une nouvelle et supplémentaire couche d’une crise systémique qui a déjà, de par le passé, engendré la faim et la malnutrition. Le récit agro-industriel, axé sur l’augmentation de la production à tout prix, les chaînes de valeur mondiales et les solutions à court terme, ne tient pas compte des causes structurelles et complexes des crises, des conflits, des inégalités et de l’effondrement du climat.

Le Mécanisme de la société civile et des peuples autochtones lance un appel urgent pour réorienter les efforts vers une transformation profonde des systèmes alimentaires avec, au cœur, l’agroécologie paysanne, la souveraineté alimentaire et les droits humains. De nombreux pays doivent réorienter leurs stratégies économiques afin de ne plus dépendre des chaînes de valeur mondiales et de poursuivre de véritables stratégies de diversification économique, en plaçant les systèmes alimentaires locaux au centre.

Cela ne peut se concevoir que par une gouvernance alimentaire mondiale forte et inclusive, avec le CSA au centre, en tant que plateforme intergouvernementale la plus inclusive pour la sécurité alimentaire et la nutrition.

Les discussions mondiales sur les réponses politiques à cette nouvelle urgence doivent inclure pleinement les voix du MSCPA en tant que représentant des acteurs les plus importants pour la sécurité alimentaire et la nutrition : les paysans et les petits exploitants agricoles, les peuples autochtones, les femmes, les jeunes, les éleveurs-pasteurs, les travailleurs agricoles et dans l’industrie alimentaire, les sans-terre, les travailleurs de la pêche, les consommateurs et les urbains précaires en situation d’insécurité alimentaire.

« Le Mécanisme de la société civile et des peuples autochtones est prêt à soutenir le CSA pour qu’il prenne des mesures significatives et décisives en vue d’apporter une réponse politique immédiate, solide, inclusive, efficace et coordonnée au niveau mondial à la nouvelle complexité supplémentaire, engendrée par la crise alimentaire mondiale, conformément à son mandat de promotion de la sécurité alimentaire et de la nutrition, et de la réalisation progressive du Droit humain à une alimentation adéquate pour tous », a déclaré le Comité de coordination du MSCPA. 

Lire la lettre ouverte au président du CSA

Ressources 

Pour de plus amples informations, veuillez contacter

Betsy Díaz: betsy.diaz.millan@csm4cfs.org  

Giulia Simula: giulia.simula@csm4cfs.org

Télécharger le communiqué de presse au format PDF 

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